Bien que régulièrement citée dans les discours (« capter de la valeur ajoutée »), la valeur ajoutée est peu utilisée dans les analyses de gestion et n’est souvent pas mesurée sur les exploitations. Pourtant, son analyse compléterait judicieusement le sacro-saint EBE (Excédent Brut d’Exploitation) alors que nous sommes passés d’une période très stable à une aire de grande volatilité : diminution des aides, filières en restructuration, instabilité des prix des produits et des intrants, …
La valeur ajoutée mesure la richesse créée à partir des consommations intermédiaires et permet donc de mesurer la valeur intrinsèque d’une exploitation agricole ou d’un projet hors politiques publiques. Elle permet aussi de vérifier l’efficacité d’un système de production et l’efficience de la main d’œuvre. Plus on a de valeur ajoutée, mieux on pourra rémunérer la main d’œuvre. Gérer, c’est d’abord faire des choix entre efficacité, efficience et robustesse d’un système face aux aléas (climatiques, économiques, …).
Pour nos grands-parents, le travail était le pilier de l’activité agricole et souvent de leur réussite. Pour la génération de nos parents, le capital a pris le pas. Les critères de réussite sont devenus le nombre d’hectares, d’animaux, le chiffre d’affaires : plus on produisait, plus on gagnait ! Depuis les années 1990, on entre progressivement dans une approche de réduction des coûts où la notion de valeur ajoutée devient un axe d’analyse économique important pour les exploitations. On passe du « Combien je produis » au « Comment je produis ». Produire plus s’avère, dans certaines situations, problématique (endettement, travail,…).
Des groupes d’agriculteurs sont, depuis de nombreuses années, à la recherche d’une meilleure valeur ajoutée par des façons de produire plus économes et sobres (Civam, Agriculture de conservation, TCS, etc…), par l’agriculture biologique (économe en intrants et valorisant les produits) ou par la transformation et la commercialisation de la production permettant ainsi de mieux valoriser les produits.
Des initiatives récentes de coopératives mettent en avant la proximité avec des moyens collectifs plus importants. On peut, par exemple, citer la création d’un site Internet par la Cavac qui vise à créer une dynamique autour des circuits courts pour ses adhérents concernés par la vente à la ferme. De son côté, la Cooperl commence à installer des magasins à la ferme chez ses producteurs. C’est la carte de la proximité et de la qualité qui sont mis en avant en phase avec la demande du consommateur.
L’implication des coopératives dans le développement de réseaux de vente de produits de proximité est-elle une mauvaise chose comme certains l’exprime ?
Le plus important reste, une fois de plus, que l’agriculteur ne soit pas dépossédé de la part de valeur ajoutée qui lui revienne. Pas si simple.
Le Bureau