Changement climatique, guerre en Ukraine, crises géopolitiques : un cocktail détonnant qui va à l’encontre d’une sécurité alimentaire nécessaire.
Nous sommes face à un défi inédit dans l’histoire de l’humanité sur lequel il est urgent de se pencher pour conserver une certaine sécurité alimentaire. Quels que soient les types de production agricole (élevage, céréales, polyculture, arboriculture, viticulture…) c’est l’agriculture dans son intégralité, sur l’ensemble de la planète qui est impactée par le changement climatique.
Des printemps plus précoces, avec gelées et fortes pluies qui impactent les vignes et les vergers ; l’absence d’hivers rigoureux qui fait apparaître des problèmes de dormance sur les végétaux ; des pics de chaleurs estivaux impactant les cultures, les prairies et les animaux… « Oui la sécurité alimentaire est menacée par ce chaos climatique » indique Gilles Luneau journaliste et grand reporter, dans son livre « Les paysans face au chaos climatique ». Si au delà des aléas de production liés au climat, vous devez faire face à une pandémie ou à des tensions internationales, la sécurité se trouve menacée.
Sur les conséquences de la guerre en Ukraine, les analystes sont unanimes. « La situation actuelle augure d’une crise mondiale d’une ampleur jamais
atteinte. Les prix alimentaires atteignent des niveaux dignes du premier choc pétrolier, et dépassent très largement les indices de 2008, qui avaient conduit aux émeutes de la faim » estime Jacques Carles, Président d’Agricultures et Stratégies. Face aux craintes des importateurs, les marchés ont en effet répondu avec une intensité et une rapidité presque inédites. La combinaison de plusieurs facteurs est à l’origine de cette réaction : craintes de manque de disponibilité des céréales sur un marché déjà tendu, dans un contexte d’inflation galopante lié à la hausse des prix de l’énergie. Un cocktail explosif, qui va nécessairement conduire à d’importantes tensions géopolitiques pour les pays dont la sécurité alimentaire dépend de l’approvisionnement extérieur (au moins quinze pays d’Afrique dépendent à plus de 50 % de leur approvisionnement en céréales de la Russie et de l’Ukraine), mais également pour les pays autonomes en alimentation mais déficitaires en énergie.
Aujourd’hui, les politiques apportent des réponses strictement technologiques aux problèmes environnementaux. Pour la prochaine PAC post 2022, il est regrettable de constater que le réchauffement climatique et ses conséquences sont absents. En France, force est de constater que le Plan Stratégique National (PSN) ne répond pas non plus pleinement à cet enjeu : il faut arrêter de subventionner les pratiques agricoles anticlimatiques. Seules les productions qui s’inscrivent dans la dynamique du vivant devraient être aidées. De même, la PAC n’ambitionne pas suffisamment d’une autonomie stratégique pour sa production alimentaire. Le défi qui se présente à nous est immense et inédit : renforcer nos capacités d’autonomie et de sécurité alimentaire tout en réussissant une transition agroécologique d’envergure nécessaire.