Pendant tout l’été la « crise agricole » a fait les unes de l’actualité.
Faut-il être surpris de cette énième crise agricole ? Sans remettre en cause le marasme actuel dans l’ensemble des productions. Car les crises que traversent les productions animales sont intenses et violentes pour de nombreux éleveurs.
Il y a un an à peine, le secteur du lait se portait bien. Mais les prix se sont effondrés ! L’arrêt des quotas
et une demande mondiale moins forte ont entraîné la chute du marché. Pourtant, les producteurs ont été incités à investir pour produire encore plus. Avec les prix actuels, ces récents investisseurs, et plus particulièrement les jeunes, se retrouvent en grande difficulté…
Face à d’autres producteurs européens, les producteurs de porcs français sont peu organisés. Des carcasses et des jambons moins chers alimentent les industriels (en provenance d’Allemagne, Pays
Bas, Espagne). Des abattoirs européens ont des coûts de main d’oeuvre moins élevés. Les cours sont aussi impactés par l’embargo russe de 2014 (sanitaire dans un premier temps et suite à la crise ukrainienne)…
Du côté de la viande bovine, le marché est engorgé et la consommation a tendance à baisser… De plus, la FCO ne va certainement pas faciliter le retour à des cours plus fermes.
Sur le terrain, la libéralisation du monde agricole transforme de plus en plus nos voisins en concurrents,
que ce soit pour l’écoulement des productions ou pour le contrôle du foncier. Au détriment des plus
« fragiles »…
Dans cette ambiance générale très morose, des aides se mettent en place. Mais sans résoudre les problèmes sur le long terme.
Face aux mots d’ordre de plus de compétitivité, plus d’exportations et plus de modernisation, l’agriculteur
a-t-il d’autres alternatives ? Cela passe peut-être par plus de solidarité et de collectif dans les filières ? Cela passe aussi par des investissements, certes nécessaires, mais qu’il convient de maîtriser pour qu’ils soient des leviers et non plus des fardeaux difficiles à porter dès que la conjoncture s’inverse ? Dans un environnement économique devenu si volatil, même « les gros et modernes » peuvent disparaître ! Malgré tout, certains (éleveurs aussi) tirent leur épingle du jeu, la morosité économique n’étant pas généralisée…
L’agriculture peut-elle se satisfaire de la voie actuelle du libéralisme et de l’industrialisation ? Ne faut-il
pas réfléchir ensemble à une meilleure maîtrise et répartition des productions (au sein de l’Europe), renforcer le soutien à la qualité (pour répondre à la demande des consommateurs). Bref, à une agriculture certes moins libérale mais aussi moins violente pour les hommes