Le bilan de la politique agricole européenne post 1992 n’est pas flatteur. La dérégulation des marchés a « lâché » les exploitants agricoles dans un océan tumultueux. Certains en ont largué les amarres. Et sur le plan environnemental, difficile de changer ses pratiques quand on est au creux de la vague. D’autant plus qu’en Pays de la Loire le niveau d’aides découplées est historiquement élevé par hectare mais faible par actif et que nombre d’aides environnementales sont inaccessibles en raison des zonages.
Demain, la PAC post 2021 pourrait être le mur d’eau à affronter avec un radeau : baisse drastique des aides (- 16 % en euros constants … alors qu’aujourd’hui, elles forment presque la totalité du revenu agricole), des aides découplées restant la base du 1er pilier et qui seraient peintes en vert pâle pour être « OMC-compatibles » …
L’Europe semble seule à poursuivre une politique ultra-libérale au nom de la vocation exportatrice de l’agriculture. Ailleurs, les Etats-Unis, la Russie ou la Chine par exemple, renforcent tous leurs politiques agricoles : certains développent leurs aides agricoles contracycliques, d’autres renforcent les outils de gestion de crise, de maîtrise de l’offre, d’un meilleur partage de la valeur ajoutée, … Hélas, ces grandes puissances économiques n’ont pas de penchant pour la préservation de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. Y aurait-il incompatibilité entre politiques agricoles volontaristes et protection des ressources naturelles ?
Les tensions sont vives entre les différentes grandes puissances mondiales : Chine et Etats-Unis sont montés sur le ring et s’affrontent. C’est peut-être là une chance pour l’Europe de reprendre sa boussole et de changer de cap. Ne faudrait-il pas arrêter d’exposer nos entreprises aux prix bas du dumping international où seuls les rapports de force entre géants mondiaux font loi ?
Lors de notre Assemblée Générale du 8 février 2019, Mr COURLEUX, Directeur d’études à Agriculture-Stratégies estime que « réorienter la PAC suppose de revenir à l’esprit originel du fonctionnement de l’Union Européenne, en assumant à nouveau les objectifs de sécurité alimentaire, de stabilisation des marchés et de relèvement du revenu des paysans, tout en y ajoutant celui de la transition environnementale et énergétique ».
A la veille d’élections européennes au mois de mai 2019, nous attendons une Europe considérant l’Agriculture comme étant au cœur des enjeux du 21ème siècle et se dotant d’une politique agricole commune ambitieuse, gage d’un avenir porteur d’espoir.
Le Bureau